Image: Vincent Isabel
Marie-Christiane Mathieu
Collaborateurs:
Jonathan Cantin-Demers et Vincent Isabel
vernissage le jeudi 17 avril à 17h:
présentation du projet avec les collaborateurs-chercheurs étudiants Jonathan Cantin-Demers et Vincent Isabel
et la lecture de poésie de l’artiste louisianais Jonathan Mayers (en créole louisianais)
La Galerie des arts visuels présente un projet de réalité étendue de Marie-Christiane Mathieu. La méthode de création puise dans les formes anticipatrices du design fiction qui évaluent les futurs possibles, probables et préférables dans leurs multiples strates et potentialités.
«Sur la carte interactive des zones inondables au Québec, il est indiqué qu’une partie de Limoilou, de Vanier et de la basse-ville de Québec sont à risque. Selon le site Climate Central, plusieurs quartiers de la ville de Québec seront inondés chaque année d’ici 2030. Heureusement, selon nos récentes recherches, à cause du grand dénivelé entre la rivière Saint-Charles et le quartier Saint-Roch, la Galerie des arts visuels, sise au demi-sous-sol de l’édifice de la Fabrique, ne serait pas touchée avant 2150. L’abondance des pluies de plus en plus fortes pourraient par contre changer la situation à tout moment…
Quand les flots bleus de la rivière et la pluie de la haute-ville atteindront la galerie. Essai sur les DÉBORDEMENTs fait suite aux différentes recherches liées au projet Nous sommes tous des astronautes: scénarios et prototypes pour des temps extrêmes (NSTDA) qui, depuis 2020, investit les enjeux liés aux zones inondables. Cette œuvre a été développée et construite dans le sillage de ma descente solo en Sprinter vers la Louisiane quelques semaines après l’ouragan IDA. Elle hérite du matériel physique, psychique et émotif vécu durant ce voyage en transférant ses dimensions somatiques et ses affects à une problématique similairement probable, celle des inondations récurrentes dans certaines régions du Québec. L’œuvre repose sur des études scientifiques, elle fait suite aux discussions entreprises avec des membres de l’équipe de l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional de l’Université Laval (ÉSAD).
Dans son article «Thinking Futures: Designing Collaborative Conversations about the Future», Joseph Voros affirme que le futur ne peut être prédéterminé, ni même prévisible. Malgré le fait que l’incidence des actions et des décisions prises collectivement influenceraient les futurs dans lesquels l’humanité s’apprête à entrer, rien, jusqu’au mois de mars 2020, ne laissait présager un changement de situation planétaire si subit et brutal dans nos vies. Bien avant la crise sanitaire, mais propulsées par elle, les sciences prospectives sont devenues des formes de prévoyance quasi-civilisationnelles. Ces prospections spéculatives établissent une relation entre la réalité et l’imaginaire technologique, entre ce qui pourrait arriver et ce qui devrait arriver tout en gardant une conscience du monde (awarness). Mon approche utilise l’extrapolation, une extension imaginative des conditions présentes, et la spéculation, une extension imaginative d’un monde différent du présent qui manifeste des discontinuités logiques avec ce qui est connu afin de créer des hypothèses liées à d’autres champs d’études.
«J’aborde ce projet de réalité virtuelle par le concept du digital shadow une ombre numérique qui fait référence à la réplique digitale complexe d’un objet, d’un bâtiment, d’un système, ici d’une galerie d’art. Ce concept intègre celui plus large du «jumeau numérique» dont la fonction principale est de calculer une multitude de flux de données capables de modifier certaines composantes de l’objet original en temps réel. Les environnements jumelés sur lesquels l’équipe a travaillé, soit l’espace d’exposition et son ombre numérique, réel et virtuel, sont ici superposés. Par l’entremise de la réalité virtuelle, ils deviennent un lieu fusionné, inondé. L’œuvre pose ainsi la question de l’étendue du décalage entre la persistance du réel et la réalité virtuelle, provoquant une disruption insistante, voire esthétique, dans l’expérience spatiale et sensorielle.»
Marie-Christiane Mathieu
Nous sommes tous des astronautes: scénarios et prototypes pour des temps extrêmes
L’artiste tient à remercier Andréane Sicotte du laboratoire de réalité virtuelle de la Bibliothèque du Pavillon Jean-Charles Bonenfant de l’Université Laval, La Bande Vidéo, les étudiants-chercheurs Jonathan Cantin-Demers et Vincent Isabel, Geneviève Chevalier, professeure à l’École d’art, l’École de design et l’École d’architecture pour le prêt d’équipement, ainsi que le programme Aide à la visibilité de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design (FAAAD). Merci à Pierre Boulanger, étudiant à la maîtrise en arts visuels, à Louanne Goulet, Mei-Li Juneau, Benoit Paré, Alyson Poulin et Benoit Simard, toutes et tous étudiantes et étudiants au baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’École d’art.