La Chute des anges témoigne des recherches récentes de Jean-Marc Mathieu-Lajoie et s’inscrit dans un vaste corpus d’œuvres découlant d’un processus obsessif de collection et de détournement d’objets à caractère religieux. Sortis de leur contexte, et parfois réduits à l’état de fragments, ils induisent un climat trouble, une ambiguïté certaine à l’égard du sacré et du spirituel. L’accumulation bigarrée de débris de toutes sortes, fragments reconnaissables d’anges, portions de corps, rosaces et autres éléments fastueusement décorés, compose un ensemble chaotique qui ouvre des brèches de sens. Les dérives séma ntiques, la profanation ou la résistance des symboles nourrissent la rencontre du sacré et du profane. La mort et la vie, la foi et la fatalité, la somptuosité et la déchéance, s’amalgament dans des rapports ouvertement contradictoires et poétiques.
Après trente ans d’absence, Jean-Marc Mathieu-Lajoie exposait en 2003 ses œuvres récentes, conçues à partir de casse-tête trafiqués, lors de la Manif d’art de Québec. Depuis, il ne cesse d’explorer les possibles modes de construction de l’image. Si les images bidimensionnelles le fascinent encore, on constate chez lui un intérêt tout aussi vif pour les représentations tridimensionnelles de la sculpture religieuse qui font appel à de multiples moules dont les variations et dérives sont apparemment infinies. Bien sûr, la charge symbolique de ces icônes sacrées et surannées est l’objet d’une attention nouvelle et d’un commentaire partagé sur l’état du monde.
Né en 1950, Jean-Marc Mathieu-Lajoie vit et travaille à Québec. Il expose pour une toute première fois à l’Université Laval et au Musée du Québec en 1972. En 1976, il participe à l’exposition « 13 jeunes artistes de Québec » à la Galerie du Musée. En 2003 l’exposition « Casse-tête », présentée à l’Œil de Poisson dans le cadre de la Manif d’art 2, connaît un vif succès. Deux ans plus tard, le Musée d’art contemporain l’invite à l’occasion de l’exposition collective « L’envers des apparences » (comm. Gilles Godmer) aux côtés d’une dizaine d’artistes canadiens. En 2007, il participe à l’exposition « De quoi sont les images faites » chez Vidéochroniques à la Friche Belle de mai de Marseille. Jean-Marc Mathieu-Lajoie est représenté par la Galerie Lilian Rodriguez.
L’artiste ayant choisi de diffuser le Stabat mater de Pergolesi pendant la présentation de son installation, nous vous proposons cette écoute gratuite: